Faisant echo à la tonalité masculine de l’héritage artistique de Saint-Paul-de- Vence, c’est autour de l’altérité féminine qu’a été pensé l’ex-position d’été à l’Hôtel La Vague, avec un interêt porté à l’espace et au milieu investi. Une particularité qui résonne fortement avec l’Histoire de notre territoire, dont le paysage témoigne – La villa Santo Sospir, La villa E1027, La Fondation Maeght, les nombreuses chapelles, plus ré-cemment l’Hotel Windsor… Des invitations souvent initiées par une amitié, marquées par l’hospitalité, révélants un certain mouvement, un rythme spontané. La position et la vision de l’Hôtel La Vague s’inscrit entièrement au sein de cet heritage; il offre un lieu de caractère, révélé par son architecture enveloppé d’une nature bienveillante, une structure rogue et généreuse à la fois, invitant au passage et au partage. L’exposition de groupe, ‘Courber la ligne du temps’, évoque cette chorégraphie des corps dans l’espace d’un hôtel à l’architecture serpentine, en rupture avec la linéarité de son temps, où passé, futur et présent emergent en un même instant.
Le titre, ‘Courber la ligne du temps’, est inspiré des formes onduleuses développées par André Minangoy, architecte à l’origine de l’hôtel La Vague et du complexe de Villeneuve-Loubet, Marina Baie des Anges. Il fait également référence à l’un des premiers principes de la théorie de la relativité générale, selon lequel matière et énergie ont pour effet de courber l’espace et le temps, et de modifier ainsi l’environnement, dont nous faisons partis. Les oeuvres exposées au sein de l’hôtel sont toutes composées de matériaux naturels, éléments organiques, dont la matière est explicitement invoquée. Sans chercher à provoquer quelque chose d’extraordinaire, les oeuvres introduisent, par leur présence et signification, une perturbation, une variation, une transformation.
Pensée pour l’espace hôtelier – un lieu ni privé, ni public, l’exposition propose un dialogue entre l’architecture et les oeuvres, les oeuvres et les corps, l’espace extérieur et intérieur. L’intention est ainsi portée sur ce qui n’est pas facilement nomable – un souffle, une perception, un changement de vibration.
Stefania Angelini.